L’importance historique de l’Oppidum d’Ensérune

Un oppidum celtique aux racines profondes

Fondé vers 575 av. J.-C., Ensérune est une cité fortifiée celte. La position stratégique sur une colline escarpée offre une protection naturelle, typique des oppida de l’âge du Fer (850-50 av. J.-C.). Des civilisations comme les Élysiques et les Volques Tectosages ont habité cet espace et développé des savoir-faire uniques dans la métallurgie, la céramique, et l’orfèvrerie.

Les artisans d’Ensérune produisaient des armes et objets décoratifs prisés pour leurs motifs animaliers et leur ornement en corail, recherchés dans toute la Méditerranée.

Influence grecque et ibérique : Un centre d’échanges culturels

Grâce aux échanges commerciaux avec les Grecs, intensifiés vers -600 avec la fondation de ports comme Massalia (Marseille) et Agde, Ensérune adopte de nombreux objets et pratiques méditerranéennes, notamment les célèbres coupes grecques à vernis noir. Ensuite, l’influence ibérique marque la cité, où plus de 1 000 graffites en alphabet ibère ont été retrouvés, constituant un des témoignages les plus importants de cette langue en Europe.

Ce commerce avec les Ibères amène des armes, des céramiques et même de l’huile d’olive, faisant d’Ensérune un véritable carrefour culturel.

La Romanisation d’Ensérune

Vers 200 av. J.-C., la montée de la République romaine renforce les échanges. La voie Domitienne, passant près d’Ensérune, facilite le commerce, notamment du vin. Avec la création de la province de Narbonnaise, Ensérune s’intègre à l’organisation romaine : la langue latine, les mesures romaines, et le panthéon romain apparaissent, tandis que de grandes demeures (domus) sont construites.

Découvertes archéologiques : Les premières fouilles et le musée d’Ensérune

Les premières explorations du site datent des années 1850, lorsque des numismates (collectionneurs de monnaie) découvrent des monnaies ibériques à Ensérune, attirant l’attention des premiers archéologues.

L’abbé Alexandre Ginies et les premières recherches

L’abbé Alexandre Ginies (1805-1885), curé de Montady, est le premier à décrire, en 1860, des tronçons de rempart et des silos dans ce qu’il appelle son “musée en plein vent”. Il mène des recherches et révèle des tombes ainsi qu’un cimetière à incinération.

Les fouilles systématiques de Félix Mouret

En 1915, Félix Mouret, archéologue Français, entreprend des fouilles systématiques, publiant ses découvertes l’année suivante. Il acquiert des vignes sur le plateau de l’oppidum où la fouille de 300 tombes à incinération livre l’une des plus importantes collections de vases grecs, ibères, italiques et d’armement celtique du Sud de la France. Ces recherches approfondies confirment l’importance nationale du site, désormais géré par le Centre des monuments nationaux.

Un mélange culturel unique et l’influence des échanges commerciaux

Les découvertes montrent un mélange culturel unique, influencé par les échanges commerciaux avec les Grecs et les Ibères, visibles notamment dans les céramiques retrouvées. Ces relations confirment le rôle stratégique d’Ensérune dans le commerce méditerranéen, bien avant la conquête romaine qui intégra l’oppidum dans la province de Narbonnaise.

Le musée d’Ensérune : une exposition enrichissante

Le musée d’Ensérune expose une riche collection d’objets issus de fouilles, notamment des céramiques grecques, des armes celtiques et des inscriptions en ibère. Cette exposition permet d’explorer tous les aspects de la vie quotidienne à Ensérune, des échanges culturels à l’organisation urbaine.

En résumé

Le site archéologique d’Ensérune et son musée invitent les visiteurs à une véritable immersion dans le passé gaulois, ibérique et romain du sud de la France. En parcourant les vestiges de cette cité fortifiée et en admirant les objets rares du musée, vous ressentirez toute la richesse de ce carrefour de civilisations. Une expérience enrichissante, complétée par des sites d’intérêt autour d’Ensérune, parfaite pour prolonger cette aventure dans le Languedoc historique et naturel.